« QU’UN SYSTÈME PRODUISE UN EFFET DE DÉCOURAGEMENT NE VEUT PAS DIRE
QUE TOUT LE MONDE SOIT DÉCOURAGÉ. »
Jacques Rancière, En quel temps vivons-nous?
Un soir de juillet 2017, au bord d’une rivière des Cévennes, devant le public d’un festival de musique alternative, a lieu la première représentation de This is not a love song. Avec cette soirée commence pour Géraldine Dupla, Simon Hildebrand et Lola Giouse le rêve d’une trilogie, WE’RE HERE, qui se déploierait comme
une exploration au long cours de trois choses qui font leur joie : l’amour, l’amitié et le collectif.
En 2019, pour permettre la tournée de leur spectacle, les trois artistes fondent La Division de la Joie, leur compagnie qu’iels installent à Genève. En parallèle de la trilogie WE’RE HERE, naissent la performance Take 6, co-créée par Martin Perret et Lola Giouse au Théâtre de La Mama à New York, et la pièce jeune public « ... » créée au Théâtre Am Stram Gram à Genève. Le second volet de la trilogie, Lust for Life, voit le jour en 2022,
au bord du lac Léman, sur la pelouse du Théâtre de Vidy à Lausanne.
Au commencement de chacune des créations, Lola Giouse apporte une question, une énigme personnelle ainsi que le matériau textuel. Toutefois, avant et pendant les répétitions, chacun.e, quelle que soit sa fonction, a son mot à dire dans le travail. Chacun.e est co-responsable du spectacle et celui-ci appartient à chacun.e. Toutes les décisions sont prises à « l’enthousiasme général ». Le mot d’ordre c’est « jouer ! ». Jouer comme une attitude face au réel, au monde, aux autres, une manière d’agir, d’essayer, d’aller voir par soi-même, une façon subjective de choisir que le sens soit là plutôt qu’ailleurs et de se rappeler tout le temps de danser d’un pied sur l’autre
entre la tragédie et le fou rire.
Au sein de La Division de la Joie, on considère que notre véritable création c’est notre processus de travail : la manière de prendre les décisions , la place laissée à la créativité de chaque personne, l’empreinte carbone qu’on est d’accord d’avoir, les efforts que l’on fait pour aligner nos actes avec nos valeurs, et puis aussi, la confiance, l’empathie et l’humour. De cela découle ensuite, de manière presque hasardeuse, la forme des pièces que l’on crée. Pour ce qui est du fond, la compagnie a pris le parti de ne pas faire du théâtre militant, mais bien du théâtre pour militant.e.s.x. Pas de prosélytisme politique mais plutôt la tentative d’attiser la volonté de lutte tapie en chacun.e.x de nous.
Parler depuis la rage et depuis la joie, donner l’élan pour réfléchir et le courage pour agir.